Gaza : la tragique double erreur

Etant donné le sujet , ce billet sera plus long que d'ordinaire .

Comme toujours, les évènements du Moyen-Orient soulèvent l'émotion de tous côtés, à juste titre.Et évidemment ce qui se passe depuis hier, d'une intensité inégalée n'y échappent pas.

Mais il est indispensable que l'émotion ne fausse tout les jugements qui permettraient un jour d'arriver à un règlement pacifié .

Le drame d'aujourd'hui est le résultat d'une double erreur

La rupture de la trêve par le Hamas : une volonté très politique

1-En rompant après 4 mois la fragile trêve de 6 mois, puis en refusant d'en signer une autre, le HAMAS pensait convaincre le gouvernement israelien d'attenuer le blocus et débloquer la situation devenue intenable pour le million et demi d'hommes et de femmes quasiment prisonniers et sans ressources dans la bande de Gaza.. Le Hamas pensait sans doute  profiter  d'un gouvernement israelien, fragilisé par les élections prochaines, et par  conséquent  pas en mesure de riposter.

Si c'était cela le but, ce fut une sanglante erreur , due à une méconnaissance du timing pré-électoral en Israel

En période pré-électorale, les candidats se doivent de montrer  qu'ils sont en mesure de protéger efficacement leurs concitoyens ; et c'est tellement vrai qu les candidats connus comme les plus sensés et modérés, comme les travaillistes ou comme Tzipi Livni ont vu leur côte remonter face à des faucons comme Netanyahou.et le Likoud

2-La seconde raison de la décision de reprendre les attaques contre Israel est aussi due à la situation pré-électorale palestinienne et aux rivalités entre Hamas et Fatah : il s'agit pour le Hamas de discréditer l'autorité Palestinienne de Abouh Mazen dont le mandat s'achève en janvier et de faire passer ses partisans pour des traitres, des collabo, puisqu'ils sont partisans des négociations avec l'ennemi.

Deux motivations qui n'ont que bien peu à voir avec la protection des populations palestiniennes.

(traduction et réumé d'un commentaire de Bernardo Valli , LA REPUBBLICA).

Les lourdes erreurs d'Israël

Mais l'erreur est aussi et surtout celle d'Israël, qui n'a tiré aucune lecon des erreurs passées :

Guerre après guerre, Israel se sert des mêmes postulats de départ , qui  toujours se sont révélés faux.

 1- Israël frappe les Palestiniens pour leur "donner une leçon": Israel représente le pays du progrès, de la raison, de la morale, alors que les Arabes il faut les éduquer et à qui il faut enseigner la sagesse, par la méthode de la carotte et du bâton.
 
2- Le bombardement de Gaza est aussi censé « liquider le régime du Hamas », à imposer aux Palestiniens un leadership modéré, y compris en infligeant des souffrances au peuple palestinien, ce qui les retournerait contre leurs dirigeants : hypothèse qui s'est toujours révélée fausse, évidemment.
 
3- Toutes les guerres d¹Israël ont eu pour fondement une autre hypothèse:
 “nous ne faisons que nous défendre”. 
Comme si la bande de Gaza n¹avait pas été soumise à un siège de longue durée
qui a détruit les chances d¹une génération tout entière de vivre une vie qui
vaille la peine d¹être vécue.
 
Bien entendu, il est impossible pour les israéliens de  vivre sous des tirs quotidiens de missiles.

Mais le Hamas n¹est pas une organisation terroriste qui retient les Gazaouis
en otages :  c¹est un mouvement religieux nationaliste, et une majorité
d¹habitants croit en la voie qu¹il a choisie , puisqu'elle a voté pour lui.

 Et pour finir ,  il existe une autre vérité historique qui vaut la peine d¹être
rappelée dans ces circonstances : depuis l¹aube de la présence sioniste sur
la terre d¹Israël, aucune opération militaire n¹a jamais fait avancer le
dialogue avec les Palestiniens.
 
4- Le cliché le plus dangereux de tous est qu¹il n¹y a personne à qui parler.
Cela n¹a jamais été vrai. Il existe même des manières de parler avec le
Hamas, et Israël a quelque chose à lui offrir. Mettre fin au siège et
permettre la liberté de circulation entre Gaza et la Cisjordanie pourrait
remettre sur pied la vie dans la bande de Gaza.

Extraits et résumé d'un article deTom Segev, dans Haaretz, traduit et transmis par  La Paix maintenant