Lu dans "Tagenblatt"
Rien de plus juste que ce résumé de l'un des 2 spectacles vus cet été au Théâtre du Peuple de Bussang.
Pour l'européenne viscérale que je suis , ce spectacle décapant était un régal . C'est fini pour Bussang, mais s'il passe près de chez vous, précipitez-vous pour aller le voir.
Au Théâtre du peuple de Bussang, l'Union européenne peinte au vitriol
Mise à jour: 28/08/2007 8:26:30
Le
thème est trop sérieux pour ne pas en rire: "L'Européenne", créée au
Théâtre du peuple de Bussang (Vosges), illustre les difficultés liées à
l'élargissement de l'Europe dans une comédie qui tournera ensuite en
France, Belgique, Allemagne et au Luxembourg.
A
la base du spectacle, un constat affligeant: on se comprend de moins en
moins en Europe, à mesure que de nouveaux pays s'y intègrent. Trop de
langues sont parlées, pour la bonne fortune des traducteurs... et la
ruine de l'Union européenne.
Avec 27 membres et 23 langues officielles, pour 506 combinaisons
linguistiques, "le problème est simple, pas la solution (...) On ne
pourra pas tous vous faire venir à chaque fois", explique Albine
Degryse, fonctionnaire belge psychorigide à une assemblée
d'interprètes. La solution réside dans l'ICP, pour InterCompréhension
Passive, un système où chacun parle sa langue en espérant que son
interlocuteur le comprenne, assène Mme Degryse. "La finalité de la
construction européenne, c'est votre disparition", lance-t-elle aux
traducteurs. Durant plus de 1h30, les dix comédiens, dont un Polonais,
un Portugais, une Slovaque et une Allemande s'essaient donc à ce
nouveau concept. Le public bénéficie d'une traduction simultanée vidéo
projetée sur le décor. Les personnages créés par l'auteur français
David Lescot tombent juste. Jutta, l'installatrice allemande,
comptabilise jusqu'à la folie les "oui" et les "non" (prononcer "ja" ou
"nein", "yes" ou "no") d'un vote ressemblant à s'y méprendre au
référendum français sur la constitution européenne. Des artistes en
résidence planchent pour célébrer l'Europe du XXIe siècle. Comme
Gérard-Denis Pelletier, compositeur d'un nouvel hymne européen en
remplacement de la 9e de Beethoven, ou Jean Moire, qui postillonne ses
poèmes abscons à la gloire de l'Union. La mise en scène minimaliste du
Belge Charlie Degotte renforce les rôles des personnages a priori
secondaires. Au final, le spectateur sourit plus qu'il ne rit, en quête
d'un second degré omniprésent. "L'Européenne" a été créée le 1er août à Bussang dans le cadre de "Luxembourg et Grande région, capitale culturelle européenne 2007".
A près la dernière représentation samedi dans les Vosges, elle sera
présentée à Liège (du 20 au 29 septembre), Saint-Louis (Haut-Rhin, 3
octobre), Sarrebrück (Allemagne, 6/10), Thionville (Moselle, du 9 au
13), Trèves (Allemagne, 16/10), Luxembourg (18 et 19/10) et Bruxelles (du 24 au 26) avant de terminer sa tournée à Valence (Drôme, 16 novembre).